La boîte à bonbecs: L'interview bonbecs : Loïc Clément

Pour cette dernière interview de l’année 2018, c’est à nouveau la bande-dessinée qui est à l’honneur.
En effet, si Loïc Clément écrit des romans, nous régale accompagné d'Anne Montel avec leur album tendre et foisonnant Mille milliards de trucs (et de moutons), c’est principalement pour ses bandes-dessinées que nous le connaissons. Des bandes-dessinées qui nous font tour à tour sourire, frémir, réfléchir ou vibrer.

crédit photo Chloé Vollemer-Lo

- Quel est votre plus vieux souvenir de bonbec ?

J'ai un souvenir très distinct des Trois Brigands de Tomi Ungerer qu'on avait dans ma classe de troisième année de maternelle. J'étais fasciné par les armes et l'air patibulaire de ces personnages effrayants. Je crois que les couleurs de ce livre m'impressionnaient beaucoup, elles fabriquaient une ambiance incroyable...

- Quel bonbec vous a donné envie de faire ce métier ?

Ce n'est pas un titre en particulier qui m'a donné envie d'être scénariste de BD, mais je sais que j'ai appris la narration en lisant 100 fois les mêmes albums de Tintin, Les Peanuts et Gaston lorsque j'étais enfant. Comme je partais en vacances plusieurs semaines et que je n'avais le droit d'amener avec moi que trois ou quatre BD, je les connaissais rapidement par cœur. Au début, je les lisais pour l'histoire, puis après plusieurs lectures, je m'attardais sur chaque case et successions de cases que j'étudiais avec la patience d'un moine bénédictin.

Quant à écrire des albums jeunesse, je sais que la lecture de "Encore des questions ? - L'album de l'album" de Yann Fastier au poisson soluble m'a beaucoup marqué. J'ai envisagé le rapport texte - image différemment grâce à lui. J'ai pu mettre des mots sur des concepts jusqu'alors intuitifs chez moi et ça a enrichi mon travail.

Sinon, j'écris des romans premières lectures et bientôt des romans jeunesse pour plus grands mais c'est surtout parce que j'aime bien vivre de nouvelles expériences.

- Quel est votre dernier bonbec ?

Pluto de Naoki Urasawa (je viens de m'acheter le coffret de l'intégrale). Un manga de SF qui reprend en 7 volumes une histoire d'Astro Boy de Tezuka et lui donne une épaisseur incroyable. Au-delà du fait d'être une enquête haletante, ce récit est d'une humanité troublante (un comble pour une histoire de robots).

Sinon en franco-belge, j'ai adoré Il faut flinguer Ramirez de Nicolas Pétrimaux chez Glénat. C'est barré, irrévérencieux, dynamique, drôle et c'est surtout hyper bien découpé et parfaitement raconté avec un parfum des années 80 qui a tout pour me plaire.

Ah oui, il y a aussi le dernier Rabaté - Ravard chez Futuropolis - Didier, la 5ème roue du tracteur, qui m'a fait du bien. Je crois que j'ai besoin de puiser de l'humanité douce en intraveineuse depuis quelques années, et la lecture champêtre de ce riant album a parfaitement comblé mes attentes. Il y a de la lose et de l'amour et ça réchauffe.

En album jeunesse, j'ai adoré Sylvain de Sylvanie de Dider Levy et Eloïse Scherrer. J'ai dû déjà le lire dix fois à mon grand garçon qui bave devant les dragons d'Eloïse. Cette dernière qui était déjà hyper douée a fait encore des bonds qualitatifs gigantesques dans son travail et réussit à traduire admirablement le dynamisme de courses poursuites. La restitution du mouvement, c'est pourtant pas simple sur un album illustré...
Chapeau.

- Quel bonbec avez-vous le plus partagé ou offert ?

Facile : Max et les Maximontres à égalité avec Sur l'île des Zertes de Claude Ponti.
Je prétends pas être original hein...

En roman, on offre à tour de bras Miss Charity de Marie Aude Murail paru à l'Ecole des Loisirs. On l'offre aux amis, à la famille... C'est une façon pour nous d'être heureux car on sait que les gens vont passer un moment succulent et que ça sera (aussi) un peu grâce à nous.

En BD, j'ai énormément offert aux enfants de notre entourage Les Carnets de Cerise et Lou. Valeurs sûres.

Aux grands, j'achète Jérôme d'Alphagraph du génial Nylso chez FLBLBL. Mais là, ça m'ennuie parce que le tome 1 est épuisé depuis un moment et que je galère à le trouver chez les bouquinistes.

- Quel est votre bonbec préféré dans votre production ?

Je ne peux pas choisir entre deux.
Chaussette pour son côté lumineux. 30 pages sur des sujets difficiles (le deuil et la solitude des personnages âgées) et pourtant grâce au travail d'AnneMontel qui s'approprie merveilleusement mon écriture, on reste dans la douceur et la tendresse. Numéro d'équilibriste dont je suis fier.

Chroniques de l'Île Perdue pour son côté sombre. C'est mon livre le plus intime, le plus personnel. C'est aussi le plus dur. Cette fois, on est toujours sur un sujet compliqué (la maltraitance entre frères) mais la lumière s'estompe pour virer au cauchemar. Je remercie Anne de toujours me suivre dans mes aventures séquentielles...

- En parlant de bonbec, quel est votre bonbon favori ?

Je mange des Ricola sans sucre à la cerise pour me donner bonne conscience mais les vrais bonbons que j'adore, c'est les trucs qui piquent hyper chimiques. Quand j'étais petit, on allait faire nos courses à Métro avec mes parents, et on achetait des boites par 50 de ce qu'on appelait des "lasagnes". Il s'agissait de sortes de grandes languettes rectangulaires à la pomme, coca ou cerise recouvertes de sucre très acide et je les engloutissais par 3 ou 4 pour tapisser l'entièreté de ma bouche. Je me relevais même parfois la nuit pour en manger...
J'en ai jamais remangé depuis, mais ça me plairait bien si ça existe encore...

- Des bonbons, il y en a de toutes sortes : caramels, sucre d'orge, bonbons au miel... et bien sûr, les bêtises !

Racontez-nous l'une de vos bêtises d'enfant.

A l'âge de cinq ans, j'ai joué près du compteur à Gaz de la maison avec des allumettes... Voilà, voilà... Une idée brillante.

Presque autant que lorsqu'il m'a semblé pertinent (toujours au même âge) de jeter une brique sur le pare-brise d'une voiture qui passait dans la rue où je passais mes vacances.
"Il est à vous le petit garçon qui a explosé ma vitre de bagnole ?".

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